Sur la gravure…

Mieux connaître l’estampe, ses termes et ses techniques

L’estampe
Terme général pour désigner une gravure, une lithographie ou une sérigraphie, voire l’impression d’une image numérique. C’est donc une image reproduite sur papier ou autre support souple ou dur, autant par les techniques en creux, qu’en relief ou à plat L’estampe originale désigne toute œuvre dont la matrice ou le support permettant l’impression a été réalisée par la main même de l’artiste. Le tirage peut être réalisé par l’artiste lui-même ou par un «pressier», spécialiste de l’impression d’estampes.

La gravure
Terme général qui désigne aussi bien les moyens, l’action de graver, que le résultat, l’œuvre elle-même. Et, aussi bien, la planche, le moule, la matrice, que les épreuves qu’elle donne.

La gravure en relief ou taille d’épargne

Méthode de gravure sur bois ou sur linoléum qui consiste à enlever le fond en ne réservant que les traits destinés à être imprimés.
La gravure sur bois est historiquement liée à l’imprimerie, texte et gravure en même temps (épaisseur = 23,5 mm).
À l’aide d’une gouge, l’artiste dégage les parties de son bois, qui, encrées, seront transférées sur la feuille de papier.
Les graveurs contemporains utilisent toujours cette technique ancienne. Ils utilisent aussi comme matière, le linoléum et les plastiques (gerflex, plexiglas, rhodoïd, celluloïd, etc.).

Gravure sur bois de fil ou xyloglyphie (bois, graver)
Elle est la plus ancienne des manières de graver. La gravure s’effectue dans le sens de la fibre du bois. Bois d’arbre fruitier
Outils : canifs, ciseaux (ou fermoirs) et gouges

La gravure sur bois debout ou xylographie (bois, écrire)
Elle s’est développée au XIXe siècle, amélioration de la précédente technique.
La gravure s’effectue perpendiculairement à la fibre du bois. Le bois (d’arbre fruitier ou de buis) est coupé en ‘tranches’, seul le cœur est conservé. Il faut souvent assembler par collage plusieurs blocs pour former une planche. L’homogénéité de la surface permet l’emploi d’un burin pour le détourage. Le trait est plus précis qu’avec le bois de fil.
Outils : burins, ciseaux et gouges

La linogravure
Matière : plaque de linoléum. Les outils diffèrent peu de la gravure sur bois mais sont plus affilés et coupants.

La gravure en creux ou en taille douce

Ce terme englobe l’ensemble des procédés manuels de gravure en creux sur métal (cuivre ou zinc).

La gravure au burin
Elle est la plus ancienne technique de gravure en creux ; elle provient historiquement des orfèvres.
La plaque de cuivre polie est attaquée directement par l’outil, le burin.
On reconnaît une gravure au burin par la netteté du trait, avec un sillon en V. Par extension, on appelle «burin» l’œuvre réalisée par ce moyen.

La pointe sèche

Elle est le plus spontané des procédés de gravure en creux. Cette technique se différencie des autres par son trait.
La formation de barbes (sorte de retombées de métal le long du sillon, qui retiennent l’encre de manière irrégulière, typique de la pointe sèche) est recherchée. La ligne, en creux, et la barbe, en relief, retiennent l’encre, ce qui produit des traits noirs veloutés, souples et vivants.
Outil : pointe en acier aiguisé avec laquelle on grave la plaque de métal (ou encore de diamant, ou de rubis)

L’aciérage

Pour maintenir une meilleure régularité des tirages, les planches de cuivre gravées, (particulièrement avec la technique de la pointe sèche) reçoivent par électrolyse une pellicule d’acier de 3 μm qui protège la taille de l’écrasement que pourrait produire les rouleaux lors de l’impression.

La manière noire (mezzo tinto)

la plaque de cuivre est criblée de petits trous à l’aide d’un berceau (outil demi-circulaire hérissé de petites dents d’acier) jusqu’à ce que le cuivre donne, au tirage, un noir velouté uniformément parfait.
Le graveur berce 20h environ pour une plaque d’une dimension de 25×40 cm, il trace des rayures dans tous les sens.
Le graveur écrasera au brunissoir le grain des barbes pour obtenir des gris et le supprimera totalement pour obtenir des blancs.

Le vernis mou (ou la manière de crayon)

Rarement utilisée seule mais plutôt avec d’autres techniques : eau forte ou aquatinte.
Le vernis devient souple par ajout de suif. On dispose le papier mouillé pour qu’il se tende sur le cuivre. Une fois sec on dessine au crayon à papier (HB, HH, ou 4 H).
La pression de la mine de plomb fait adhérer le vernis sur le papier laissant le cuivre nu lorsqu’on enlève le papier. La morsure se fait au perchlorure de fer moins rapide qu’à l’acide nitrique.
Caractéristique : laisse à la main une plus grande liberté qu’à l’eau forte.

L’eau-forte

Sur une plaque (de cuivre, de zinc ou d’aluminium) préalablement nettoyée, recouverte d’un vernis (déposé au tampon, au rouleau ou au pinceau), l’artiste grave à la pointe d’acier dans la couche de vernis pour découvrir le métal. La plaque est ensuite plongée dans de l’acide nitrique (aussi appelé acide azotique) dilué à 20% ou dans du perchlorure de fer qui mord ainsi le métal exposé.
L’artiste peut utiliser plusieurs bains successifs pour obtenir des nuances.

L’aquatinte

Une poussière de résine de colophane, plus ou moins grosse, protège la plaque et l’acide ne creuse qu’entre les particules de résine. Les autres zones sont réservées au vernis et l’artiste obtient aux endroits choisis des nuances en jouant sur la morsure et sur la finesse de la résine.
Le saupoudrage peut se faire à la main, au tampon, à la pincée ou encore à l’aide d’une boite à grain. À la main, on emplit de résine de colophane un bocal en verre recouvert d’un tissu très fin (mousseline) pour obtenir une régularité dans la pluie de résine. On renverse le bocal et la résine tombe en pluie suivant le tapotement plus ou moins fort.
On passe ensuite à la cuisson pour faire adhérer la colophane, enfin on procède à la morsure par l’acide.
Rendu : Nuances veloutées et profondes (points blancs et noirs)
Avantage : facilité pour graver des zones importantes en un temps inférieur aux autres procédés.

Le carborundum

Dans cette technique, mise au point par Henri Goëtz, on utilise une poudre de carbure de silicium, le carborundum, pour créer des grenures à la surface d’une plaque de métal. Des effets de relief peuvent être ainsi obtenus.

La gravure à plat
(ni creux, ni relief) technique d’art graphique

La lithographie

Se réalise à partir d’une pierre calcaire au grain très fin, sur laquelle on dessine à l’encre grasse, on acidule le reste de la pierre pour la rendre amoureuse de l’eau. Quand l’encre entre en contact avec la pierre préalablement mouillée, elle ne se déposera que sur les parties grasses. A l’impression, l’encre lithographique remplace les traits gras. Cette technique est à l’origine de l’offset.

La sérigraphie (vient de «séri» : soie)
Ce procédé d’impression, dérivé du pochoir, permet de reproduire un dessin au moyen d’un tissu spécial (soie, nylon, polyester…) tendu dans un cadre. Une partie du tissu est obturé à l’aide d’un vernis de façon à ne laisser libre que les surfaces qui correspondent au dessin à imprimer.